Invention du vaccin contre la peste : l’histoire et le pionnier

En 1894, la peste ravage l’Asie et l’Europe, échappant à tous les traitements connus. Une bactérie, jusqu’alors inconnue, s’avère responsable de ces épidémies meurtrières.

C’est à cette époque qu’Alexandre Yersin isole l’agent pathogène, pose les bases du vaccin et bouleverse durablement la lutte contre la maladie. Les travaux de ce médecin vont transformer la compréhension et la prévention des grandes pandémies, plaçant la recherche médicale au cœur des stratégies de santé publique.

Alexandre Yersin, un esprit curieux face aux mystères de la peste

Alexandre Yersin, passé par l’Institut Pasteur où il se forme auprès de Louis Pasteur et d’Emile Roux, se distingue à la charnière du XIXe siècle par une curiosité insatiable et une méthode sans faille. Ce médecin et naturaliste, balançant entre Paris et l’Asie, s’attaque de front aux énigmes posées par les maladies infectieuses. Lorsqu’en 1894 la peste bubonique frappe Hong Kong, il quitte la France pour rejoindre le terrain, là où la maladie fait rage et où les réponses manquent.

La découverte du bacille de la peste, bientôt baptisé Yersinia pestis, fait date. En isolant cette bactérie, Yersin valide l’origine bactérienne de la pandémie et ouvre de nouvelles perspectives pour enrayer la propagation. Il pose les jalons du premier vaccin contre la peste grâce à des expérimentations conduites sur place, dans des conditions extrêmes. Ce travail, nourri par l’esprit d’innovation de l’Institut Pasteur, propulse la réputation de l’Institut Pasteur Paris sur la scène scientifique mondiale.

Le parcours de Yersin ne s’arrête pas à cette percée. Installé ensuite au Vietnam, il fonde l’Institut Pasteur Indochine, s’investit dans la recherche agronomique et médicale et participe à l’évolution de la médecine hors du continent européen. Son engagement sans relâche lui vaudra d’être distingué chevalier puis officier de la Légion d’honneur et salué par l’Académie des sciences pour son apport décisif à la lutte contre les épidémies.

Comment la découverte du bacille de la peste a révolutionné la lutte contre l’épidémie ?

L’isolement du bacille de la peste, renommé Yersinia pestis en hommage à Yersin, bouleverse la compréhension des grandes pandémies. Avant 1894, la circulation de la peste bubonique restait incomprise. Les théories en vogue accusaient l’air pollué, héritage direct de la pensée miasmatique. Avec la mise en évidence du bacille par Yersin, puis la démonstration du rôle du rat et de la puce Xenopsylla cheopis par Paul-Louis Simond en 1898, le regard médical bascule.

Grâce à cette avancée, la riposte contre la maladie s’organise différemment. L’accent se porte désormais sur l’hygiène urbaine, l’élimination des rongeurs et la surveillance des quartiers à risque, notamment autour des ports asiatiques. Comprendre le mode de transmission permet d’agir avec précision et de limiter l’extension des foyers épidémiques.

Cette découverte stimule aussi la recherche de traitements. Dès 1896, Waldemar Haffkine met au point le premier vaccin humain au Plague Research Laboratory de Bombay. Déjà en 1894, Yersin et Emile Roux avaient testé le sérum antipesteux à l’Institut Pasteur, jetant les bases de l’immunisation contre la peste. À Madagascar, Georges Girard et Jean-Marie Léopold Robic poursuivent ces efforts avec la souche EV, qui permettra d’améliorer la prévention jusque dans les années 1930.

La médecine ne reste plus passive. Les outils de diagnostic progressent, les quarantaines s’organisent efficacement et la mortalité liée à la peste commence à reculer. Ce combat devient une affaire internationale, orchestrée par l’Institut Pasteur, qui partage techniques, connaissances et souches vaccinales à travers le monde.

Document médical ancien et seringue vintage sur un bureau en bois

Héritage scientifique : l’influence durable des travaux de Yersin sur la médecine moderne

L’influence d’Alexandre Yersin va bien au-delà de la seule découverte du bacille de la peste. Dès la fin du XIXe siècle, les instituts Pasteur, à Paris comme partout ailleurs, adoptent ses méthodes pour construire une médecine plus exigeante face aux maladies infectieuses. Expérimentation rigoureuse, culture de bactéries, observation minutieuse du terrain : ces principes irriguent encore la recherche biomédicale d’aujourd’hui.

On retrouve l’empreinte de Yersin dans la diffusion du sérum de Yersin-Roux et dans l’essor de nouvelles immunothérapies, développées par des chercheurs comme Vital Brazil à Rio de Janeiro ou Camillo Terni en Europe. Ces avancées, relayées dans La Science Illustrée ou par la Cambridge University Press, font de la vaccination et de la sérothérapie des piliers de la prévention, à l’égal des travaux de Edward Jenner contre la variole ou de Jonas Salk face à la poliomyélite.

Voici quelques grandes réalisations rendues possibles grâce à cet héritage scientifique :

  • Structuration des réseaux internationaux de l’Institut Pasteur
  • Création de l’école de médecine de Hanoï
  • Inspiration pour la lutte contre d’autres pathogènes, de la tuberculose à la fièvre jaune

Les échanges internationaux de souches, de protocoles et d’expertises dessinent un paysage scientifique globalisé. Entre Paris, Nha Trang, Hanoï ou Rio, ce sont les leçons tirées des combats contre la peste qui nourrissent les innovations et renforcent la capacité à réagir face aux épidémies. Un souffle qui, plus d’un siècle après Yersin, reste un moteur pour la médecine et la recherche.

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